Yvonne de Gaulle
Claude Pompidou
Anne-Aymone Giscard d'Estaing
Danielle Mitterrand
Bernadette Chirac
Cécilia Sarkozy
Carla Bruni-Sarkozy
Valérie Trierweiler
°***°
Les portraits intimes des huit Premières Dames de la Ve République, dont la vie romanesque raconte un demi-siècle d'histoire contemporaine.
Qu'y a-t-il de commun entre Yvonne de Gaulle, la prude, et Carla Bruni-Sarkozy, la délurée ; Anne-Aymone Giscard d'Estaing, la discrète, fille de princesse, et Valérie Trierweiler, la twitteuse, fille de caissière ; Bernadette Chirac, la bourgeoise catholique, et Danielle Mitterrand, la laïque socialiste ; Claude Pompidou, fidèle pendant trente ans à la mémoire de son mari, et Cécilia Sarkozy, qui a quitté le sien cinq mois après son élection ?
Toutes ont connu un destin exceptionnel auquel elles n'étaient ni prédestinées ni préparées.
Au terme de plusieurs années d'enquête, Robert Schneider nous fait pénétrer l'intimité de ces huit femmes, loin des clichés sur papier glacé. Des portraits savoureux.
• Anne-Aymone Giscard d'Estaing
Anne-Aymone s'envole pour New York où elle représente son mari au festival Maurice Ravel. Elle se rendra aussi à Andorre, dont il est le coprince, signera même un acte officiel et prendra la parole au nom de la France. On la verra encore à Rome pour l'avènement du pape Jean-Paul Ier, en Égypte où elle est porteuse d'un message confidentiel pour le président Sadate, à Singapour... Le Monde consacre une page entière à ce nouveau statut d'"envoyée spéciale" du président. Dans un article intitulé "La tentation dynastique", le quotidien s'interroge : est-ce une nouvelle conception familiale de la présidence qui prend naissance sous nos yeux ?
Ce rôle, apparemment voulu par son mari, ne lui vaudra que des déconvenues. Elle devient une cible. Parle-t-elle ? Elle se prend pour la reine. Se fait-elle discrète ? On la raille : elle a enfin reçu la consigne de se taire. Mais non ! Giscard s'entête. Le 31 décembre 1975, il tient à ce qu'elle soit à ses côtés pour les voeux traditionnels à la télévision. Terminant sa courte allocution, il se tourne vers elle : "Je crois qu'Anne-Aymone veut aussi vous exprimer ses voeux." Morte de peur, la voix mal assurée, elle ne peut que dire d'un ton faussement naturel : "A tous, à toutes, j'exprime mes voeux très chaleureux. Que ceux d'entre vous qui ont la chance d'avoir le bonheur et la santé n'oublient pas ceux qui sont moins favorisés." L'expérience fut à ce point catastrophique qu'elle ne fut pas renouvelée. (p.125)
•• Danielle Mitterrand
En 1991, France Libertés signe avec la Fédération internationale des droits de l'homme une lettre ouverte aux présidents des Républiques algérienne et française condamnant les massacres d'étudiants à Alger. Cette fois, François Mitterrand réagit vivement : "Tu m'as poignardé dans le dos et tes amis des associations humanitaires sont des gauchistes excités, ils ne savent pas de quoi ils parlent." Poignardé dans le dos ! L'expression qu'il emploie lorsqu'il s'estime trahi. Blessée, elle lui écrit : "Si tu voulais admettre que tous ceux qui m'entourent ont les mêmes objectifs et réagissent aux mêmes valeurs que celles que tu as développées tout au long de ta vie de militant, tu comprendrais que nous puissions conjuguer nos efforts et nos démarches. [...] Tu ne verrais pas alors en nous des êtres irresponsables ni des individus qui te poignardent." Dans son carnet bleu, elle note ce qu'elle espère pouvoir lui dire à Latche, où ils doivent se retrouver : "Je ressens tes propos comme une injustice à mon égard. Je ne veux en aucun cas que la fondation, par son silence, soit un alibi qui couvre une vile action déjà inscrite dans le palmarès de la fourberie, de la mauvaise foi, de l'arbitraire et de la tyrannie sous le couvert commode de la Raison d'État."
En mai 1993, à Washington, devant un parterre d'industriels, de banquiers et d'avocats, elle reçoit le prix des Droits de l'homme pour son combat en faveur des Kurdes. Elle n'hésite pas à dénoncer l'"embargo impitoyable" qui étrangle les Cubains. Pourquoi aller si loin dans la provocation ? Hubert Védrine, secrétaire général de l'Élysée pendant le second septennat, se souvient que certains de ses collègues de la cellule diplomatique s'interrogeaient : agissait-elle uniquement pour emmerder son mari et les diplomates qu'elle n'aimait pas ou bien était-elle mue par sa volonté de revanche et sa propension à l'excès ? À chacun de ses voyages à risque, les ambassadeurs sont discrètement chargés de corriger ses éventuels dérapages, de faire en sorte qu'elle ait le moins de contacts possible avec la presse. Mais Mitterrand le sait mieux que personne : il est difficile de brider Danielle. (pp. 166-167)
••• Bernadette Chirac
En août 1997, Paris Match consacre six pages aux vacances de la famille Chirac à l'île Maurice. On y voit Jacques en grand-père affectueux couver du regard son petit-fils Martin, qui vient d'avoir 16 mois. On y voit l'enfant dans les bras de sa mère, Claude, en short sur la plage, mais pas une seule photo de Bernadette. Et c'est Claude, sa mère le sait, qui a supervisé l'opération de communication avec l'hebdomadaire. "Le président est veuf", grince Bernadette. Elle dit aussi : "Je ne suis personne." L'année suivante, elle n'est pas invitée, malgré son insistance, dans la tribune officielle lors de la finale de la Coupe du monde de football au Stade de France. Ulcérée, elle refuse d'être présente à la garden-party du 14 Juillet à l'Élysée, où Zidane et ses coéquipiers champions du monde sont reçus par son mari, en présence de sa fille Claude : "Puisque je n'étais pas là pour les voir, je ne serai pas là pour les recevoir !" Elle boude aussi le défilé. Son absence est d'autant plus remarquée que le carton d'invitation était imprimé au nom du président et de son épouse. Elle s'est réfugiée en Corrèze, soi-disant pour préparer la venue du Tour de France... quatre jours plus tard. C'est la première fois que la première dame marque aussi spectaculairement sa désapprobation.
Comment son mari et sa fille peuvent-ils la traiter ainsi ? Elle envoie Bernard Niquet, ancien directeur de la communication de la mairie de Paris, qui est devenu à l'Élysée son conseiller particulier, tenter de convaincre le président qu'il aurait intérêt à la montrer plutôt que de nier ainsi son existence. Christine Clerc raconte la scène : "Jacques, M. Niquet a quelque chose à vous dire." Ainsi, c'est clair, la supplique vient d'elle. Niquet, courageux, se lance : "Monsieur le Président, vous avez une femme reconnue qui joue un rôle important. Plutôt que de marcher dix pas devant elle et d'accélérer l'allure quand elle tente de vous rattraper, vous qu'on voit si chaleureux avec les autres femmes, il me semble que vous devriez présenter davantage l'image d'un couple présidentiel uni. La photo de Georges et Claude Pompidou sur le balcon de l'Élysée est restée dans toutes les mémoires. Quant à François Mitterrand, il tenait, quoi qu'on en dise, à son image familiale : tous les étés, il se faisait photographier à Latche entouré de Danielle et des siens." Chirac le coupe : "Ce n'est pas ce que les Français attendent." (pp. 187-188)
Robert Schneider a été chef du service politique de L'Express, directeur adjoint de la rédaction de France Inter, puis rédacteur en chef et chef du service politique du Nouvel Observateur. Il est également l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Les Mitterrand (2009), Je serai Président (2012), Premières dames (2014), et De Gaulle et Mitterrand (2015), parus aux éditions Perrin.
ÉTAT (LIVRE OCCASION) | Pas de pli de lecture au dos, Très Bon état (Proche de "Comme neuf") |
Collection | |
Date parution | 2016 |
Dimensions | Broché, Format poche |
EAN | 9782266259415 |
Editeur | |
Genre/Thème(s) | Document, Essai, Histoire de France, Politique |
ISBN | 2266259415 |
Nb pages | 347 |
Numéro dans la collection | 16386 |
Premières dames - 1ère édition ( Robert SCHNEIDER ) - Poche
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