Entre poésie et franc-parler, un livre surprenant, riche et savoureux...
Ce livre n'est pas une étude, une enquête, ni l'exposé d'un intellectuel sur la réalité ouvrière. C'est un témoignage, celui de Tommaso Di Ciaula. Ouvrier lui-même, petit-fils de paysans, il vit et travaille près de Bari (Italie du Sud - mais là ou ici, n'est-ce pas la même histoire ?), enfile tous les jours son bleu, fait ses huit heures, écrit le soir après l'usine, de toutes ses forces, avec la volonté de « donner la parole à des siècles de silence de la classe ouvrière ».
Dans Tuta blu, Di Ciaula nous livre avec une franchise extraordinaire le quotidien de sa vie : la crasse de l'usine, les gestes du travail, ses rêves, un dimanche qui n'en finit pas, l'abrutissement, un « casse-couilles » de contremaître, l'ennui et la fatigue surtout - les ecchymoses, les plaies, les accidents du travail. Ce que son bleu résume, il le voit du côté du Sud. Un Sud campagnard déjà recroquevillé et meurtri, soumis aux lacérations industrielles, mais qui subsiste en lui, revit et l'assaille de souvenirs, d'une foule de sensations violentes et intimes.
Tuta blu est un livre « sudiste » et subversif, poétique et politique, violent et tendre, terriblement vrai.
« Ce livre, ce témoignage, est difficile à classer : il n’appartient pas exactement à la littérature populaire ou prolétarienne telle qu’on a coutume de se la représenter (...) L’auteur n’est pas un ancien ouvrier « passé » à la littérature, c’est un ouvrier encore à l’usine. (...) L’humour, la rage, la sensualité du prolétaire nous sont directement transmis par un écrivain resté parmi les siens, qui rêve d’un coucher de soleil sur sa terre natale alors qu’il est enfermé dans son atelier. (...) L'absence de distance avec le sujet crée un style, apporte une sincérité, une passion dont on a peu d’exemples dans ce genre littéraire.
Il faut lire Tuta blu, même si ce livre n’est pas un chef-d’œuvre, même si la personnalité de son auteur, plus avide d’apocalypse politique que d’un progressisme à petits pas, n’est pas du goût de tous les lecteurs, car cet ouvrage, aux nombreux accents poétiques, annonce une nouvelle façon de produire le texte : une écriture liée à une fonction sociale (professionnelle) ou familiale, non modifiée par l’exercice de la littérature.
Huguette Hatem, Revue Esprit N°(5-6, Mai-Juin 1983)
D’origine paysanne, Tommaso Di Ciaula est né le 27 septembre 1941, à Adelfia, dans le sud de l’Italie, où il a été ouvrier toute sa vie. D’abord employé dans les petits ateliers de Bari, il a ensuite intégré, en 1962, la plus grosse entreprise de la région.
En 1970, il publie à ses frais le recueil de poèmes Chiodi e rose , qui ne passe pas inaperçu : il reçoit en effet des critiques positives de la part d'illustres hommes de lettres et critiques littéraires, tels que Quasimodo, Calvino, Fubini, Anceschi, Spagnoletti, Bevilacqua. Leonardo Sciascia l'a notamment commenté dans le Corriere della Sera du 4 novembre 1971. Dans son deuxième livre, Tuta blu (Feltrinelli, 1978), c’est son quotidien de tourneur dans l'usine de pointe Pignone Sud qu’il raconte. L'ouvrage a été salué unanimement en Italie et traduit dans de nombreux pays, dont la France (Actes sud, 1982).
Di Ciaula a également collaboré à plusieurs journaux : Il Manifesto, il Corriere del Giorno, La Gazzetta del Mezzogiorno.
Auteur d’une douzaine d’ouvrages, Tommaso Di Ciaula est pourtant mort presque oublié de tous, le 12 janvier 2021.
| ÉTAT (LIVRE OCCASION) | Pas de pli de lecture au dos, Très bon état |
| Collection | Littérature étrangère |
| Date parution | 2002 |
| Dimensions | 10x19x1.7cm, Grand format souple broché |
| EAN | 9782742740987 |
| Editeur | Actes Sud |
| ISBN | 2742740987 |
| Nb pages | 193 |
| Titre original / Titre secondaire / Sous-titre | Tuta blu. Ire, ricordi e sogni di un operaio del Sud |
| Traduction | Jean Guichard, Traduit de l'italien par |
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Tuta Blu (Bleu De Travail) (Tommaso DI CIAULA ) - Grand Format
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